L’agression

12 mars 2004. 1 heure du matin.

 Des coups résonnèrent sur les deux portes de la maison. En même temps. Un bruit fracassant. Une attaque. Des coups de plus en plus répétés, de plus en plus violents. Dressés, debout et nus dans la chambre, nous avions compris. Nous avions entendu des récits d’agression dans la région. La technique des bandes armées consistait à défoncer toutes les portes d’accès pour avoir plusieurs issues et se disperser rapidement.

 Mon cœur battait la chamade. Je connaissais le danger de les voir apparaître dans la chambre. Je n’avais qu’une idée en tête : vêtir mon jean. Dans la précipitation, mes gestes étaient saccadés et maladroits et me semblaient bien trop lents. Le bruit des coups résonnait dans ma tête et l’affolement me privait de mes moyens. Le jean était enfilé à l’envers me causant mille peines et   agacements d’angoisse pour remonter ma braguette de l’intérieur.

 Jean imaginait que les intrus pouvaient être des invités enivrés de la noce de la nuit. Il ouvrit la porte de notre chambre et vit la lumière dans le salon, la porte défoncée avec la barre de bois brisée sur le sol. Sa peur prit l’expression de la colère. Il s’avança sur la terrasse pour voir les assaillants. Deux hommes se tenaient devant la porte. Ils étaient sales et répugnants, les yeux injectés de sang et le visage déformé sous l’effet de la drogue locale. Ils attendaient que les cinq autres finissent par entrer.

 « - Un enfant dort dans cette maison, foutez le camp de chez moi ! Pourquoi venez-vous mettre le bordel ici ?» Les agresseurs restèrent figés pendant un court instant, surpris que Jean, en caleçon, leur tienne tête. Puis mon mari vit l’un d’eux sortir un fusil à canon scié et n’eut aucune hésitation sur l’intention assassine de l’assaillant. Et comme s’il validait son pressentiment, ce dernier tira aussitôt.

 Jean rabattit brusquement la porte de la terrasse pour se protéger de la chevrotine locale, mais l’attaquant était déjà derrière la porte l’empêchant de la rabattre. Dans leur rapport de force, la porte hésitait dans un tragique va-et-vient. Jean penché en avant la poussait de toutes ses forces en s’aidant de sa cuisse et de l’appui de son genou. Pourtant la rage de l’homme décuplée par la drogue lui permettait de forcer plus avant le passage. Jean en prit conscience, s’arcbouta pour bloquer son genou et sa jambe telle un contrefort. La porte laboura ses orteils droits lui arrachant les ongles. Malgré la douleur fulgurante, Jean parvint enfin à pousser la porte. Il souleva le loquet en aluminium de mauvaise qualité et la barra. Il ferma les verrous haut et bas et avança dans le couloir vers la chambre de notre fils Arthur.

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Références:
  • Mission d'Ecrivain public pour le Pôle social de la VILLE de CHOLET
  • Auteur d'ouvrages institutionnels et privés
  • Animatrice d'ateliers d'écriture "Transmission et partage" en EHPAD